L’Avènement du Chaos avait tout emporté sur son passage. Les gouffres du Néant vomissaient encore des légions innombrables, les royaumes croulaient sous les flammes, et l’humanité, épuisée, voyait son dernier souffle s’éteindre. Alors s’élevèrent les Larmes de Lune, ceux qui, depuis des générations, avaient veillé dans l’ombre pour protéger Arkaïos.
Ils brandissaient l’Éclat d’Argent, relique lunaire scellée depuis l’Âge des Majestueux, que l’Orbe de Lune avait préservée en secret. Son pouvoir n’était pas celui d’une arme, mais celui d’un sceau, capable de fermer les brèches qui reliaient le monde au Néant. Guidés par la lueur de cet éclat, les Larmes se dispersèrent comme des étoiles sur le champ de bataille, fermant un à un les abîmes qui déchiraient la terre.
Mais les démons étaient trop nombreux. Partout, les Larmes étaient traqués, isolés, massacrés. Leur ordre se réduisit bataille après bataille, jusqu’à ne plus être qu’une poignée. Aux côtés des derniers défenseurs se tenait Engel, le Chasseur de Démons, dont la rage soutenait les troupes humaines. Grâce à lui, Valfaust put être atteint : la nécropole d’où jaillissait la plus vaste brèche, cœur du cataclysme.
Là, dans les ruines baignées d’une lueur rouge sang, les survivants entonnèrent le chant du sceau. L’Éclat d’Argent éclata en une pluie d’étoiles qui se répandirent à travers le ciel et vinrent sceller les gouffres encore ouverts. Dans un hurlement de pierre et de feu, les brèches se refermèrent, et les légions furent englouties, arrachées au monde des vivants pour être rejetées dans les ténèbres.
Mais la victoire ne fut pas un triomphe. Le rituel consuma la plupart des Larmes, leurs corps réduits en poussière, leurs âmes dispersées dans la voûte céleste. Engel, rongé par la fureur de son Fardeau, dut être piégé dans une stase éternelle, incapable de revenir au repos des mortels. Et des Larmes de Lune , il ne resta que des cendres.
Ceux qui survécurent se dispersèrent et disparurent. Quelques-uns, brisés mais vivants, se réfugièrent dans les profondeurs de Lunaspell, où ils se dissimulèrent du monde, porteurs d’un héritage qui ne devait plus être révélé qu’en temps de désespoir. Depuis lors, le peuple croit les Larmes disparues, mais leurs héritiers existent encore, veillant en silence, comme des flammes mourantes qu’un souffle pourrait rallumer.
Ainsi prit fin l’Avènement du Chaos. Non par une victoire éclatante, mais par un sacrifice. Le monde survécut, mutilé et marqué à jamais. Et depuis cette nuit, chaque fois que la lune se voile de rouge, les peuples frémissent, car tous se souviennent que le chaos n’est jamais détruit : seulement contenu.