Au commencement, il n’y avait que le tumulte du monde. La terre n’était qu’un désert de roches incandescentes et de volcans hurlants, un chaos sans ordre où la lave se répandait en torrents brûlants et où le ciel n’était qu’un voile de cendres épaisses. Le monde, encore jeune, gémissait sous le poids de sa propre naissance. Les créatures qui erraient à sa surface n’étaient que des ombres grotesques, des êtres informes qui rampaient et se traînaient sans but, ni pensée, ni conscience.
Alors, dans cet océan de solitude et de désolation, la volonté profonde du monde se manifesta. Comme si la terre elle-même, lasse de sa stérilité, avait décidé de se donner des gardiens, trois êtres surgirent du néant. Ils ne naquirent pas de chair ni de sang, mais d’essence pure, façonnés de magie brute et de lumière primordiale. Immenses, majestueux, chacun portait en lui une facette de la puissance du monde.
Le premier fut Droséra, le Dragon Céleste. Son corps étincelait d’écailles semblables à des pierres précieuses forgées dans les flammes d’un soleil ancien. Ses yeux, quatres étoiles incandescentes, scrutaient les cieux comme s’ils pouvaient sonder les âges à venir. Rusé et insaisissable, il portait en lui la ruse des vents et le souffle du feu. Son immense envergure voilait les cieux lorsqu’il s’élevait, et son rugissement résonnait comme un tonnerre venu des abysses du temps.
Le second fut Serafina, le Lion Flamboyant. Sa crinière ardente s’élevait comme un brasier éternel, illuminant la terre de son éclat. Sa force était telle que chaque pas faisait trembler les montagnes encore naissantes. Noble et preux, il incarnait la bravoure, la fougue et la puissance brute. Sa voix, lorsqu’il rugissait, portait la promesse de la conquête et de la victoire, mais aussi la loyauté d’un cœur inébranlable.
Le dernier fut Apeliotes, le Griffon de Métal. Son plumage étincelait comme l’argent forgé par les étoiles, et ses ailes immenses semblaient couvertes de lames fines et brillantes. Sa tête d’aigle portait le regard froid et perçant de la sagesse, tandis que son corps de lion, massif et solide, incarnait la stabilité de la terre. Savant et réfléchi, il était le dépositaire des secrets, le gardien de la connaissance et de l’équilibre. Sa simple présence imposait silence et respect, comme si tout ce qui vivait devait se courber devant la clarté de son esprit.
Ces trois entités, égales en grandeur et en magnificence, furent appelées par la mémoire des peuples futurs les Trois Majestueux. Chacun représentait un aspect de la volonté du monde : la ruse et l’ambition avec Droséra, la force et la vaillance avec Serafina, la sagesse et la connaissance avec Apeliotes.
Mais bien qu’ils fussent issus d’une même source, ils ne connurent ni paix ni fraternité. Là où l’un voyait un royaume à protéger, l’autre percevait une terre à conquérir, et le troisième un domaine à façonner selon ses desseins. Ainsi, dès leurs premiers instants, les Trois Majestueux ne songèrent pas à se partager le monde en harmonie, mais à s’en emparer. Leurs regards se croisèrent au-dessus des plaines de pierre, et dans ce simple échange brûla déjà la promesse d’un combat sans fin.
Et le monde, encore informe, devint leur champ de bataille.
