Éprouvés mais victorieux après leur affrontement dans la Haute-Tour, nos aventuriers reprirent la route vers le sud, suivant les anciennes voies impériales en direction de Blasindelle. Profitant d’une accalmie, ils escaladèrent la tour pour observer les environs : de vastes plateaux s’étendaient à perte de vue, entrecoupés de forêts sombres et de collines balayées par le vent, un avant-goût des terres sauvages qu’ils allaient traverser.
Deux jours plus tard, alors qu’ils descendaient la route sinueuse, le silence fut brisé par les échos d’un combat. Un convoi de trois roulottes était attaqué par une bande de gnolls et de gobelins. Plusieurs soldats gisaient déjà au sol lorsque les aventuriers intervinrent. L’affrontement fut rude, mais leur courage, ou leur soif de récompense, selon le point de vue, fit la différence.
Le chef du convoi, Urar Bikum, maître-caravane de la prestigieuse guilde marchande Factotum Mercator Incorruptibile , leur proposa aussitôt un contrat : escorter la caravane jusqu’à Astraden, la grande cité agricole du Sud. En échange, il leur offrirait gîte, nourriture, ce qu’ils pourraient récupérer sur les cadavres ennemis, ainsi qu’une bourse bien remplie. L’offre fut acceptée sans hésitation.
Le voyage s’étira sur plus de vingt jours à travers plaines et villages. Les aventuriers passèrent par Ebonward, Narmans et Bergetou, profitant de chaque halte pour se reposer, se ravitailler et parfois festoyer. Sur les routes, ils accueillirent un mystérieux pèlerin, un homme au visage buriné par les éléments, au verbe calme, qui prétendait arpenter les routes depuis plus longtemps qu’il ne s’en souvenait. Il voyagea un temps avec eux, partageant le feu mais peu de paroles.
Les jours suivants furent marqués par quelques escarmouches nocturnes contre des bêtes rôdant autour du convoi, mais rien de comparable à ce qui les attendait. La veille de leur arrivée à Astraden, alors qu’ils traversaient un canyon étroit, le groupe fut pris en embuscade par un minotaure et une bande de pillards. Le combat fut sanglant. Dans le chaos, Urar Bikum fut écrasé par la charge du monstre, un drame que personne ne prit réellement le temps d’empêcher. On ne tint toutefois pas rigueur aux aventuriers de cette perte : après tout, ils avaient sauvé le convoi.
Le pèlerin, lui, disparut pendant l’affrontement, sans qu’aucun témoin ne puisse dire comment ni quand. Sur le corps du minotaure, les aventuriers découvrirent une carte grossièrement dessinée mentionnant un lieu énigmatique dans les Badlands : l’Enclave.
C’est Brammand, le scribe nain de la caravane, qui reprit alors la direction du convoi, assurant son arrivée à Astraden sans autre incident.
Épuisés, mais riches de nouvelles questions et de quelques cicatrices de plus, nos compagnons atteignirent enfin Astraden. La cité bourdonnait d’activité, vaste et pleine de promesses. Après des semaines de route, ils pouvaient enfin souffler, avant de reprendre, bientôt, le chemin de Blasindelle, la ville perdue dans les montagnes.