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Session 3 – Au Pays des Ombres

2023-05-07

La brèche explosée dans la montagne se referma derrière eux, avalée par les ténèbres. Devant eux s’étendait le Pays d’Antan — un territoire de cendres, de roches et de lumière malade. Chaque souffle semblait porter un écho d’ancien danger, chaque pas les éloignait un peu plus de tout ce qu’ils connaissaient.

À peine quelques heures plus tard, ils tombèrent sur un spectacle pénible : un immense arbre mort, noir et tordu, sur lequel pendaient des dizaines de cadavres. Certains secs comme des momies, d’autres encore charnels. Et soudain, des craquements sourds résonnèrent : l’arbre bougea. Les pendus commencèrent à se décrocher — non pas en tombant, mais en s’animant. Les aventuriers n’attendirent pas de découvrir ce qui aurait suivi : ils prirent la fuite, traversant la plaine aussi vite que leurs jambes meurtries le permettaient.

Plus loin, un canyon s’ouvrit devant eux, profond et tapissé de lavande sauvage, une mer violette ondulant sous le vent. Ils entrèrent dans le défilé, mais très vite une lourde vibration parcourut les parois : un remorhaz avait flairé leur présence. La créature serpentine, immense, écailleuse et brûlante comme une forge, les pourchassait entre les rochers. Par miracle ou instinct, ils trouvèrent un recoin étroit et sombre où se dissimuler. Le monstre passa tout près, sa chaleur déformant l’air autour de lui, puis s’enfonça plus loin dans les failles du canyon. Les aventuriers purent enfin s’en échapper, tremblants mais vivants.

Quelques jours plus tard, ils atteignirent les marais. Dans cette obscurité humide, un groupe de bacchantes, des hommes sylvestres, beaux, enivrants, lumineux, dansait autour d'un énorme feu. Leur musique semblait vouloir séduire, attirer, envelopper l’esprit. Mais derrière leurs sourires parfaits rôdaient des bêtes prêtes à bondir, et les aventuriers comprirent vite que ce n’était pas une fête mais un piège. Là encore, ils choisirent la prudence, reculant avant que la scène ne se transforme en chasse.

Puis, enfin, un peu de lumière : une oasis au milieu des roches. Paisible, claire, entourée de palmiers et de sources. Mais sa beauté était perfide. Les nymphes d’eau qui y résidaient tentèrent de les charmer, les attirant vers l’eau par des murmures envoûtants. Certains membres du groupe faillirent y succomber, happés par le désir de se rapprocher, d’entrer dans l’eau. Grâce à un mélange de volonté, de cris paniqués et de réflexes rapides, ils réussirent à rompre l’illusion avant qu’un seul d’entre eux ne soit noyé, et quittèrent l’oasis sans se retourner.

Après des semaines de marche à travers le Pays d’Antan, la silhouette sombre et anguleuse de Valfaust apparut enfin à l’horizon. La cité ressemblait à une forteresse figée dans le roc, immense et silencieuse sous un ciel pâle.

Aux abords de la ville, les aventuriers retrouvèrent l’homme qu’ils étaient censés rencontrer, celui indiqué par Arran dès le début de leur périple. L’individu, vêtu richement, les accueillit avec une politesse presque trop parfaite. Il écouta leur récit, examina le précieux colis, puis hocha lentement la tête avant de leur remettre la somme convenue.

Son regard n’exprimait ni surprise ni satisfaction. Simplement un professionnalisme froid.

Voyant leur état de fatigue, il leur proposa ensuite de passer la nuit dans sa demeure : un lieu sûr, propre, et plus accueillant que n’importe quelle taverne de Valfaust, selon ses dires. Éreintés par la traversée du pays, les aventuriers acceptèrent.

Le repas fut servi sans cérémonie. Le vin était bon, le pain chaud, et la maison étonnamment confortable pour un homme si discret. Pourtant, quelque chose clochait, un détail qui aurait dû les alerter, une ombre dans le regard, un silence mal placé.

Mais la fatigue était trop grande.

Quand le poison commença à faire effet, ils furent incapables de réagir. Leurs membres s’alourdirent, leur vision se troubla, leurs pensées se brouillèrent comme aspirées par un gouffre. Le maître des lieux les observait calmement, son expression toujours douce, presque bienveillante… mais les yeux vides.

Ils comprirent trop tard.

Puis tout bascula dans le noir.

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